Naviguer entre le bon, le mauvais et le douteux…
Des Rainbow friends à Poppy Playtime, en passant par Cartoon Cat et Five Night At Freddy, sans oublier le fameux et déroutant Backrooms… Toutes ces étrangetés horrifiques du net sont très populaires auprès des plus jeunes. Mon fils Vincent, 9 ans, ne fait pas exception et en raffole.
Que ce soit par l'entremise d’un “pas si responsable” animateur de camps de jours qui diffuse des vidéos Youtube pendant la période libre ou encore via la plateforme Roblox et ses jeux qui en reprennent les concepts, les plus jeunes sont familiers avec ces univers oppressants.
Évidemment, Vincent n’a jamais joué ni à FNAF (Five Nights at Freddy's) ni à Siren Head. Par contre, il peut très bien en reproduire très fidèlement les personnages en argile polymère et en parler inlassablement pendant des heures ! ( Un pur plaisir, vous en conviendrez)
Récemment, il est rentré de l’école et semblait tout savoir sur un certain Cartoon Cat ainsi que sur un univers, un brin inquiétant, baptisé SCP Foundation.
Et dire que certaines personnes osent encore prétendre que les enfants n’apprennent rien à l’école ! Pour ma part, je trouve que leur capacité à emmagasiner toutes sortes d’informations est bien louable…
Bref, on ne peut pas empêcher ces sujets de se répandre à l’école. D’ailleurs, pour eux, tout cela est empreint de mystère, surtout parce qu’ils en parlent tous sans vraiment savoir de quoi il s’agit. Avec l’aspect interdit, c’est encore plus excitant! Dans le fond, est-ce que ça ne contribue pas, d’une certaine manière, à stimuler leur imagination ?
Mais bon! Puisqu’on ni peut rien, mieux vaut suivre le courant… Il est important, je trouve, d’être au fait de ce qui est trendy chez nos jeunes. D’ailleurs, c’est presque mission impossible tellement les tendances changent vite, un vrai feu de paille. Faut essayer de rester à jour, sinon, le temps de dire “Skibidi Toilet”, et on est déjà dépassé.
Même si ce genre de contenu me semble clairement malsain, est-ce que ça mérite qu’on s’en inquiète outre mesure ? Ça m’amène à réfléchir. Après tout, est-ce que ma génération s’en est vraiment mieux tirée en matière d’exposition à la violence “télévisuelle” ?
Évidemment, quand j’étais petit, il n’y avait ni réseaux sociaux, ni TikTok, ni Shorts sur YouTube. Les jeunes y ont désormais accès, avec ou sans supervision. Cela dit, et ce n’est pas un point négligeable, nos parents n’avaient pas le même rapport avec les écrans que celui que nous entretenons aujourd’hui avec nos propres enfants. Du moins, dans mon entourage immédiat.
Mine de rien, pour ma part, j’ai été initié à la réalité de la mort par le meurtre très graphique d'Alex Murphy dans Robocop, de Paul Verhoeven. J'avais alors à peu près l'âge de mon fils.
Je me rappelle parfaitement de la maman dans Gremlins qui poignarde à plusieurs reprises l’un des petits antagonistes verts dans la poitrine, avant d’en mettre un autre dans le four à micro-ondes, qui éclate comme une patate qu’on n’a pas bien piquée à la fourchette auparavant !
Ah, je me souviens des sages paroles de ma maman :
"Si y’a du sang ou des seins, cache tes yeux avec tes mains." C’est presque poétique. Un judicieux conseil assez courant à l’époque, mais pas sans faille, puisque, après tout, il y a des espaces entre les doigts…
Bref, les choses ont bien changé depuis les années 80/90. Avant, les enfants écoutaient les émissions de leurs parents. Tandis qu’aujourd’hui, c’est l’inverse : ce sont les parents qui écoutent les émissions de leurs enfants.
Il n'y a pas à dire, on a dû se battre avec les enfants pour regarder le spécial de fin d’année d’Infoman. C’est un nouveau genre de dictature télévisuelle ! Je me dois de préciser qu'on est en désavantage numérique face à Vincent et ses deux sœurs…
Quand j’avais l’âge de mon fils, les enfants n’étaient pas les maîtres de la télévision. On se réunissait plutôt en famille devant des émissions comme Les Filles de Caleb, The X-Files, Unsolved Mysteries et Piment fort. Très peu probable qu’un tel scénario se produise de nos jours.
De toute évidence, mon parcours télévisuel et cinématographique est parsemé de petits “traumatismes” qui, avec le recul, se révèlent assez fondateurs. Ils ont contribué à faire de moi la personne créative que je suis aujourd’hui. Et là, je fais autant allusion aux choses que je voyais qu’à celles que je ne faisais qu’entrevoir.
Tout comme mon fils qui rêve en voyant une affiche du film Five Nights At Freddy’s ou une publicité de Squid Game, moi, je m’imaginais toutes sortes de scénarios en contemplant les cassettes VHS d’horreur au Vidéogie de mon quartier. Je me souviens que celles de L’Opéra de la terreur et d’Hellraiser me fascinaient.
Mais que faut-il tirer de tout ça ?
L’impact de ces influences sur le développement mérite réflexion. Je reste prudent à ce sujet et j’essaye de prendre du recul sur mes propres expériences avant d’imposer des limites, quelles qu’elles soient. Évidemment, mon fils n’écoutera pas Robocop… le meurtre d’Alex Murphy peut attendre. Par contre, je n’ai aucun doute que, aussi douteux soient-ils, les Skibidi Toilet et Poppy Playtime de ce monde peuvent nourrir l’imaginaire grâce à leur part de mystère. Vincent les réinvente à sa manière, en les transposant dans ses propres jeux, dessins et créations.
Oui, il y a du bon et du mauvais. Mais, au final, l’important, c’est de s’intéresser aux intérêts de son enfant, ça peut aider à initier des conversations constructives. Et tant qu’à emprunter ce chemin, pourquoi ne pas en profiter pour encourager la réflexion et, surtout, aiguiser l’esprit critique ? Avec ce genre de contenus, il y a largement de quoi faire !
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